Latino Riant ... Latine Orient

S3NS d'Ibrahim Maalouf






Il était très attendu suites aux succès de ses albums précédents. Ibrahim Maalouf a sorti le 27 septembre un dernier disque sur le label Mister Ibé et qui porte le nom de "S3NS". Le trompettiste franco-libanais né à Beyrouth le 5 novembre 1980 a entièrement oeuvré pour ce dernier opus puisqu'il l'a arrangé, réalisé et produit.

Cette fois, une autre musique s'invite à la danse et se mêle au jazz, à la pop, au rock. Il s'agit de la salsa. Le premier titre "Una Rosa Blanca" démarre en fanfare au son des styles précédemment cités. Une salsa étonnante qui nous donne envie de bouger, de faire la fête jusqu'au bout de la nuit. Cette musique latine débordante d'énergie prend une place importante dans cette galette le tout bien évidemment sous une base jazz.

Avec "Happy Face", on parcourt un chemin extrêmement pop-rock avec notamment les basses du piano qui nous guident avec beaucoup d'entrain. Le jazz demeure et les influences de la musique urbaine se font aussi sentir.

"S3NS" qui est le titre du disque est un morceau pop avec comme souvent une très belle orchestration composées de plusieurs cuivres qui s'amuse ici à un "questions-réponses". Cet échange subtil et mélodique nous fait vibrer puis les musiciens reprennent le thème à l'unisson. Les modulations s'enchaînent et sous ces différents changements harmoniques, une guitare donne une pulsation rythmique qui accentue le dynamisme de la pièce.

Plus loin, on a la chance d'écouter "Harlem", à mon goût, LA composition de l'album... qui n'est pas salsa mais plutôt un mix entre jazz, soul et orient. Cela groove à fond, c'est cool et quand on ferme les yeux, on a tout de suite l'impression d'être à Harlem. Le Fender Rhodes nous emporte par son son chaleureux, les cuivres nous font vibrer, la basse y va de son slap à la Marcus Miller. On entre dans un délire funky et on aimerait que cela dure infiniment. Pas une seule seconde est propice à l'ennui et le saxophone qui part dans un solo titanesque est là pour nous le rappeler sans oublier les accords qui varient à la fin histoire d'apporter encore plus d'originalité à cette oeuvre magistrale.

Pour continuer dans du lourd, "Na Na Na" s'articule autour d'une pop aux accents electro-urbains. Il en ressort un jazz fusion un peu Eighties avec un Fender et quelques bidouillages électroniques pendant un bref instant avant l'arrivée triomphale d'un...violon qui apporte un plus et enjolive ce morceau. C'est planant, magnifique, sublime.

Dans "N.E.G.U", la musique se veut identique à d'autres déjà écoutées en reprenant le mariage entre le jazz, le rock et la pop avec toutefois une énergie indétrônable. Cela reste entraînant et la qualité des arrangements n'y est pas étrangère.

La composition "Gebrayel" marque un retour fracassant à la salsa. L'ivresse qui émane de ce morceau est contagieuse. Une douce folie s'empare de nous et nous emmène dans les Caraïbes.

Avec "All I Can't Say", un changement de registre immédiat s'opère. En effet, une introduction douce et légère piano-trompette nous berce dans une ballade calme aux couleurs pop-jazz.

Pour terminer, "Radio Magallanes" est un long morceau qui s'installe progressivement. D'abord le piano débute seul, tranquillement dans une ambiance un peu pop. La trompette arrive doucement et la montée commence. Le crescendo est magnifique et à la fin le groupe se déchaîne. Les cuivres s'amusent dans une ambiance orientale. La musique devient ensuite plus rock avec notamment des guitares électriques puissantes. Puis l'Orient fait son grand retour et on aura de cesse d'alterner entre les deux genres. De ces styles joués, une mélodie restera. L'exquis souvenir de cette dernière est inoubliable. La fin, sous des airs doux et pop, reprend les traits du piano sur quelques accords.

Après avoir écouté cet album, on en ressort heureux et grandi. Mention spéciale à "Harlem" pour son originalité, son mélange et à "Na Na Na" dont on retiendra pendant encore très longtemps l'apparition magique du violon. Ce disque est d'une vitalité exemplaire. Aux fins fonds des contrées, deux sonorités se rejoignent, une latine et l'autre au parfum d'Orient.

Poulos


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