The Big Band Theory

The Intangible Between d'Orrin Evans and The Captain Black Big Band







Des big bands, il y en a beaucoup et partout dans le monde mais de cette qualité et qui sortent un disque aussi abouti, c'est un peu plus rare. Bienvenue dans la haute voltige avec ce recueil de titres, sublime mélange de classicisme et modernisme (quoique le deuxième terme soit plus approprié). "The Intangible Between" d'Orrin Evans (le nouveau pianiste du trio légendaire The Bad Plus) and The Captain Black Big Band est sorti le 1er mai 2020 sur le label Smoke Sessions Records. Orrin Evans, né le 28 mars 1975 à Trenton dans le New Jersey et ayant grandi à Philadelphie, joue au piano, arrange et dirige de main de maître l'ensemble qui en est à son 4ème album. En tout cas, les 8 morceaux de cet opus enregistré live dans les studios Sear Sound à New-York sonnent terriblement bien! Un orchestre qui claque dès les premières mesures!

"Proclame Liberty" nous met directement dans le bain. On se sent appelé par les 4 notes initiales qui se répètent dans un torrent frénétique. L'équilibre est parfait, les interprètes extraordinaires de virtuosité et de stabilité rythmique. Une ode à la liberté afin de bien débuter cette galette.

Avec "This Little Light of Mine", le balancement est de rigueur. Une irrésistible envie de bouger nous envahit. Les improvisations se succèdent dans une folie bienveillante et un enthousiasme qui fait plaisir.

Plus loin, "A Time for Love" est une ballade dont la beauté absolue nous fera aussitôt oublier les heures difficiles que nous vivons. Sean Jones au bugle, guide la mélodie à merveille soutenu par la douceur angélique et la précision diabolique d'Orrin Evans au clavier. L'écoute de ce standard est un enchantement. La sensibilité de l'ancien élève de Kenny Barron au piano associée au lyrisme inouïe du cuivre donnent une combinaison somptueuse.

"That Too" marque un retour à un morceau plus engagé. Cela déménage à fond! Les solos magnifiques s’enchaînent et déploient une énergie incroyable!

Place au déjanté "Off Minor", composition du mythique Thelonious Monk! Les musiciens nous plongent dans une atmosphère free, étrange et qui laisse une place grandiose aux interactions. Un océan d'échanges bizarres et partages conceptuels s'ouvre à nous. A la fin, nous nous retrouvons dans une communion. Il en ressort des dissonances certes appuyées mais d'un dynamisme éclatant et fort original.

"Into Dawn" berce nos oreilles et on se relaxe sur un tempo medium. Les souffleurs font de ce morceau un terrain de jeu exquis. Les autres protagonistes ne sont pas en reste et s'amusent tout autant.

Avec "Tough Love", nouvelle apparition abstraite sur fond de récit parlé. La voix entre dans la danse tempétueuse des instruments qui se lâchent dans une ambiance percussive. L'expression d'un slam au milieu d'une tendre tourmente.

Pour conclure, "I'm so Glad I Got to Know You" est une pièce calme aux accents pop. L'introduction au piano se veut fabuleuse. L'écriture est d'une réussite totale. L'album se termine dans un climat cool qui met de bonne humeur à l'image des chants des membres du big band qui s'éteignent paisiblement.

Au final, une oeuvre formidablement exécutée. Les morceaux sont peu nombreux mais longs et construits de manière remarquable ce qui est appréciable. En effet, parfois, il vaut mieux moins de plages mais plus de longueur et surtout une recherche ainsi qu'une originalité accentuée. Une grande formation cela change et on a envie d'y retourner. Mention spéciale à "A Time for Love" pour son romantisme et à "I'm so Glad I Got to Know You" pour son thème qui restera encore pendant longtemps dans nos têtes après l'avoir entendu.  Orrin Evans, pianiste génial nous gratifie une fois de plus d'une performance à couper le souffle et nous offre sa théorie du big band.

Poulos


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